Archives de catégorie : texte

La femme de liège

Une femme comme une fée
m’a fait la profonde élégance
au beau milieu d’une assemblée
de m’offrir une révérence.

Les oiseaux d’arrière-saison
faisaient des leurs malgré la pluie
et prise par saine passion
elle osa dire « j’ai envie ».

Sans dire plus d’un mot magique,
un jour en chambre de mes peurs,
elle vint apaiser ma panique
sans ombre pour d’autres bonheurs.

C’était une femme de liège
sur l’onde entre l’eau et le vent
qui ne se prend à aucun piège,
juste flottant sur le courant.

Et dans les limbes de la nuit
depuis lors, quand je souhaite écrire,
Ah ! femme mûre, à l’envi,
Ah ! à l’envi, je te désire.

Licence Creative Commons
« La femme de liège » de Laurent QUIQUEREZ, d’après « Le garçon de Liège » de Louise de Vilmorin, est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA. En savoir plus sur les droits et les devoirs.

2014-2015 – Villeurbanne, France

+1 by . Entrer dans le rêve via Flickr CC-BY-NC-SA
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« +1 » by . Entrer dans le rêve via Flickr

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Épris entre 4 yeux

(emprises amoureuses)

Je m’suis fait prendre entre quatre yeux,
tous quatre fort beaux et audacieux.

Je m’suis fait prendre, et je vous prie,
d’une manière qui m’a souri.

Je m’suis fait prendre, et la mépri-
-se m’empêcha de dormir la nuit.

Je m’suis fait prendre… n’ai pas compris,
comment comprendre, mais ça m’apprit.

Je m’suis fait prendre ; et qu’ai-je appris ?
Que ça fait plaisir d’être envie !

Je m’suis fait prendre et me dépris
de mes peurs et de mes soucis.

Je m’suis fait prendre et suis surpris
de me sentir épanoui-e.

Se laisser prendre, aussi laisser,
à ces beaux yeux, toutes libertés.

Je m’suis fait prendre et je le vis,
Grâce à ces cadeaux de la vie.

Se laisser prendre, comme c’est précieux,
suivant l’avis de deux paires d’yeux.

Une harmonie entre quatre yeux
que le bonheur rend merveilleux.

Licence Creative Commons
« Épris entre 4 yeux » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA 4.0. En savoir plus sur les (nombreux) droits et les (quelques) devoirs.

2014-2015 Villeurbanne, France

first.last.8.4.2013-12.jpg by Miss Wetzel's Art Class via Flickr CC-BY-SA
CC-BY-SA
« first.last.8.4.2013-12.jpg » by Miss Wetzel’s Art Class via Flickr

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Cet article est le numéro 1 de 3 articles dans la serie Oulipo

Dans le cadre de Dix moi dix mots , avec la contrainte d’intégrer les mots
CHAFOUIN – FADA – POUDRERIE – DEPANNEUR – LUMEROTTE – DRACHER – RISTRETTE – VIGOUSSE – TAP-TAP – CHAMPAGNÉ.
une contribution:

Qui ne dit mot…

Rerie sous draps, chez
« Chant, Pagne et Bon Thé »,
Flagada, fada,
boit volume, et rote.

Tap’, tap’ donc un coup,
attend, et rit straight.

Car l’époux d’Rerie
parmi des paneurs
se sentant chats, foin
de vanill’, vit gousse.

Licence Creative Commons CC-BY-NC-SA
« Qui ne dit mot…2 » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA. En savoir plus sur les nombreux droits et les quelques devoirs.

2015 – Villeurbanne, France

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Caramba, encore raté!!!

À voir en vidéo.

Le dormeur de plage

Le dormeur de plage

C’est un site sableux où s’écrasent des vagues
Scintillant follement au rythme de l’écume
D’argent, où le soleil, de l’horizon sans brume,
Luit : c’est une plage qui bouillonne et divague.

Un enfant jeune, yeux fermés, tête nue,
Et le dos offert au vent venu de chez lui,
Dort; il est étendu sur le sable, sous la nue,
Pâle dans son lit d’or, d’où la lumière luit.

Allongé sur le sol, il dort. Affalé comme
S’affalerait un vacancier, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Le soleil radieux ne brunit plus sa peau ;
Il dort sous le vent, la main plongée dans l’eau
Tranquille. La vague engloutit son côté droit.

Licence Creative Commons
« Le dormeur de plage » de Laurent QUIQUEREZ d’après Arthur Rimbaud est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA. En savoir plus sur les droits et les devoirs.

À Aylan.

2015 – Villeurbanne, France

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LE DORMEUR DU VAL

C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

7 octobre 1870.
Arthur Rimbaud
Poésies complètes, avec préface de Paul Verlaine et notes de l’éditeur
L. Vanier, 1895 (p. 84).
Public Domain
L’original est disponible à WikiSource.

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Fichier PDF : LeDormeurDePlage_v1.pdf

En corps jeunes

(et esprits fins)

À force d’affûter
vos corps comme des armes,
vous émoussez là l’âme
et vous le regretterez.

À force de maquiller
vos visages graciles
sous crèmes, vous en froissez
la poésie fragile.

À s’détendre l’esprit
mou-molle devant la télé,
en fait on se raidit
la tête, et le corps sait.

À force de vouloir plaire
à tous, à tous les coups,
on devient ordinaire
sans saveur et sans goût.

 

Paraître est une impasse
et posséder aussi,
les beautés qui ne passent
sont celles que l’on vit.

 

La vie est dans le don,
l’amour et le partage ;
la variété du monde,
et tester des passages.

Embrassez tous les rêves
sur les lèvres des fous :
même les plus vagues élèvent
laissés montés en vous.

Soyez curieux-ses et vifs-ves
et les sens à l’affût,
gardez l’âme lascive/l’esprit lascif
délaissez les torts dus.

Faites sauter les carcans,
négligez le vieux monde :
vous êtes les enfants
de la joyeuse fronde.

 

Faites sauter les carcans,
mais faites-le sans rage,
pour bâtir, les enfants,
un monde de partage !

« En corps jeunes » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA 4.0. En savoir plus sur les (nombreux) droits et les (quelques) devoirs.

2013-2015 Villeurbanne, France

hello tomorrow by massimo ankor via Flickr CC-BY-NC
CC-BY-NC
« hello tomorrow » by massimo ankor via Flickr

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Phryné (Phryne)

Phryne

 

Thy flattering picture,

[ Phryne, is like thee,

Onely on this, that

[ you both painted be.

John Donne
Phryne
Source:
Donne, John. « Epigrams. » Poems of John Donne. Vol II.
E. K. Chambers, Editor. London: Lawrence & Bullen, 1896.
Public Domain
L’original est disponible à WikiSource.

(Vice-)Phryné

ou
la Vice-Pomponnée

Ce portrait peint

[ te ressemble vraiment

Par l’épaisseur de la

[ couche de pigments.

Licence Creative Commons CC-BY-NC-SA
« Phryné » de Laurent QUIQUEREZ, Instant d’après John Donne est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA. En savoir plus sur les droits et les devoirs.

2012-2013 – Villeurbanne, France

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"Pro Touch" by Phalinn Ooi via Flickr CC-BY
CC by.eu « Pro Touch » by Phalinn Ooi via Flickr

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Univers cité

Je descends hagard
à gare de Nante-
-rre, univers si té-
-nu que ces trois barres.
En tête de rame,
je prends le chemin,
passe sous les trains
qui vont à Paname.

Les tours de la gar-
-de républicaine,
que des capitaines
tiennent à l’écart,
vivent un peu à part
mais en bonne entente :
elles n’ont de ces barres
qu’une vue distante.

J’en hais l’architecte,
surtout archi-con,
et je le suspecte
de chier du béton :
des pièces trop comme une
cellule sans barreau,
on y aimerait la lune,
on a le caniveau.

On entend le voisin
son chien et sa femme,
quand son amant vient
elle gueule comme un âne.
En plus on profite
du son de la télé
de l’odeur des frites
des cris du bébé.

Il n’y a pas ici
que des enfants de chœur
mais certaines familles
n’ont que des chômeurs.
Quand les estomacs
crient plus fort que les fesses
on a bien le droit
de monter un bizzness.

Les mémères du coin
s’embêtent un petit peu
et leur baratin
apporte un petit mieux.
La barre a chez les m-
-émères en question
une réputation
que partout elles sèment.

C’est dans une barre
bordée de bancs, lieu
de vie de bagarres
et nid d’amoureux,
que loge la fée
qui hante mes nuits ;
tout ce qu’elle en fait
tient du paradis.

Et je me fous bien
des réputations
tous les jours j’y viens
sans appréhension.
Car elle se fait belle
et, sans prétention,
elle m’ensorcelle,
cette reine, ovation !

« Univers cité » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA 4.0. En savoir plus sur les (nombreux) droits et les (quelques) devoirs.

1994-2001 – Nanterre-Courbevoie, France

Le bidonville de Nanterre by Gongashan via Flickr CC-BY-NC-ND
CC-BY-NC-ND
« Le bidonville de Nanterre » by Gongashan via Flickr

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Trois beaux brins de filles – Intro/4

Cet article est le numéro 1 de 5 articles dans la serie Trois beaux brins de filles

Une vieille femme douce et sage
se sentant défaillir,
ses 3 filles fit venir
et leur dit ce présage :

« 3 brins d’herbe en mes mains,
vous devez faire au mieux,
prenez-en plus grand soin :
cette herbe est votre dieu. »

(…)

« Trois beaux brins de filles » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA 4.0. En savoir plus sur les (nombreux) droits et les (quelques) devoirs.

2014 – Villeurbanne, France

Trois beaux brins de filles – 1/4

Cet article est le numéro 2 de 5 articles dans la serie Trois beaux brins de filles

(…)

-1-

C’est au dernier soupir
de sa mère que l’aînée
prit soin de recueillir
les brins mis à sécher.
Dans un immense chagrin
elle trouva réconfort
dans l’herbier et ses brins
au delà de la mort.

A la fin de son deuil
elle accueillit des gueux,
eux-même pris dans l’écueil,
qu’elle aida de son mieux ;
à l’aide de l’herbier,
les sortit du pétrin,
fit d’eux des obligés
du culte des saints brins.

« Aînée, je suis la fille
détentrice des brins,
autour de ma tête brille
l’auréole des saints.
Cet herbier en mes mains
vous impose d’être pieux :
vous ne pouvez faire moins
que d’en faire votre dieu. »

Il apparut bien vite
des dissensions tragiques :
cathodoxes, ortholiques,
siites et chunites,
sépharaz, ashkenades
se battent, luttent, et se trame
un contrôle rétrograde
des corps et de leurs âmes.

(…)

« Trois beaux brins de filles » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA 4.0. En savoir plus sur les (nombreux) droits et les (quelques) devoirs.

2014 – Villeurbanne, France

Trois beaux brins de filles – 2/4

Cet article est le numéro 3 de 5 articles dans la serie Trois beaux brins de filles

(…)

-2-

La cadette des filles
avait, elle, ramassé
3 grains de ces brindilles
qu’elle se plut à planter.
Dans les jeunes pousses elle vit
sa mère ressusciter
et mûrir les épis
de grains à resemer.

Quelques saisons passèrent ;
elle prit la tête, enfin,
d’une florissante affaire
de production de grains.
Elle faisait du commerce
avec le monde immense,
améliorant sans cesse
techniques et finances.

« Je suis cadette des filles,
conservatrice des grains,
des plantoirs, des faucilles,
des richesses de demain :
ces grains de blés en main
doivent fructifier au mieux ;
vous ne pouvez faire moins
pour honorer ce dieu. »

Elle acheta des plaines (et)
détourna des rivières,
irriguant, amendant (ses)
parcelles céréalières.
Hélas, en 2 années
de mauvaises conditions,
la crise en eut raison
et l’affaire fut coulée.

(…)

« Trois beaux brins de filles » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA 4.0. En savoir plus sur les (nombreux) droits et les (quelques) devoirs.

2014 – Villeurbanne, France