Une histoire qui commence tout en don, en vie , en émerveillement et en liberté.
Une histoire qui bascule dans la bassesse et l’absence.
Après une élision de plusieurs années, l’histoire se termine dans une relation filiale qui, d’étrangère, se reconstruit.
De poème en poème, on suit les sentiments intenses magnifiquement transcrits ; en tendresse lyrique ou en violente retenue.
Maram al-Masri a su écrire des vers libres qui transcendent le genre, et m’ont emporté malgré moi.
Emporté et secoué, comme 40 vagues qui brassent le téméraire qui osa s’y aventurer et qui en ressortira groggy.
Extrait :
Cinq ans après notre rencontre
je me suis éloignée du bruit
il m’a suivi
il s’est assis près de moi
j’ai osé mettre ma tête sur son épaule
je voulais respirer son air
et retrouver l’odeur évanouie de son enfance
Forme du passé pour déclaration moderne, ces sonnets ne sont pas strictement des sonnets.
De tableau en tableau, l’émerveillement jaillit de toute part et le mot dépeint l’irrépressible bouillonnement de la vie.
Aussi, la rime s’oublie parfois en assonance, et les vers prennent autant de pieds que nécessaire.
Reste le 2×4+2×3, reste le lyrisme de l’auteur, reste l’esprit de poésie.
Ainsi commence le voyage :
Extrait :
I
Je dédie cette vie véritable
Au double que l’amour seul reconnaît
Lui qui fidèlement m’accompagne
Avant de se confondre en moi à jamais.
Or de ce garçon il ne voulait jamais parler
Comme par honte de sa grâce native.
Il lui souriait dans les regards étonnés,
Mais il fermait les yeux avec mépris.
Pardonnez le trouble et la souffrance
Qui pourront naître de la vision redoutable
Du monde réel, dont il m’est seul garant.
C’est lui pourtant qui m’entraînant
Sacrifia mes angoisses à la beauté
Et m’enseigna le prix de mon attente.
Pour ses 80 ans, Mamie Gratte-Ciel s’est offert le bilan de sa vie : naissance, guerre, amant, enfants, travail, engagements, anniversaires, fêtes, veuvage, rénovations, culture, vieillesse…
Elle a rencontré ses voisins, ses ami-e-s, les visiteurs de ce quartier, les enfants qui y jouent…
Elle a couché tout ça en rimes sur le papier, et elle souhaite le partager (Licence Creative Commons CC-BY-NC-SA 4.0) ; l’offrir à ceux qui la font vivre.
Dans le cadre du « Festival des Communs », samedi 10 octobre 2015 vendredi 16 octobre 2015, Mamie Gratte-Ciel viendra se glisser en 2000 exemplaires dans les boîtes aux lettres de l’ensemble architectural des Gratte-Ciel.
Elle laissera les habitants s’approprier l’histoire de leur quartier, faire un pliage déco pour lui rendre sa forme et exercer leur talent de personnalisation.
Ainsi, dans l’ensemble architectural des Gratte-Ciel de Villeurbanne, l’avenir s’écrit et la vie s’écoule dans le partage…
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Avec la complicité de
Les gens inspirants du quartier : Les Petits Frères des Pauvres, Ensemble au 44, Arlette, Giselle, Caroline, tous ceux qui font vivre la place Lazare Goujon et les Gratte-Ciel, les enfants, Johnny-Michel et les autres, Vinciane Vieira, L’Où Jeu Peins (Vanessa Walter), la Cave des Gratte-Ciel, Boucherie Pinatel, CaroBidules, feu Sous l’Cerisier, les commerçants indépendants et sympas du quartier, Nicolas Vadon, La médiathèque du Rize et ses documentalistes, Archipel CDCU, Géraldine Huet (Médiathèque du Rize).
Je descends hagard
à gare de Nante-
-rre, univers si té-
-nu que ces trois barres.
En tête de rame,
je prends le chemin,
passe sous les trains
qui vont à Paname.
Les tours de la gar-
-de républicaine,
que des capitaines
tiennent à l’écart,
vivent un peu à part
mais en bonne entente :
elles n’ont de ces barres
qu’une vue distante.
J’en hais l’architecte,
surtout archi-con,
et je le suspecte
de chier du béton :
des pièces trop comme une
cellule sans barreau,
on y aimerait la lune,
on a le caniveau.
On entend le voisin
son chien et sa femme,
quand son amant vient
elle gueule comme un âne.
En plus on profite
du son de la télé
de l’odeur des frites
des cris du bébé.
Il n’y a pas ici
que des enfants de chœur
mais certaines familles
n’ont que des chômeurs.
Quand les estomacs
crient plus fort que les fesses
on a bien le droit
de monter un bizzness.
Les mémères du coin
s’embêtent un petit peu
et leur baratin
apporte un petit mieux.
La barre a chez les m-
-émères en question
une réputation
que partout elles sèment.
C’est dans une barre
bordée de bancs, lieu
de vie de bagarres
et nid d’amoureux,
que loge la fée
qui hante mes nuits ;
tout ce qu’elle en fait
tient du paradis.
Et je me fous bien
des réputations
tous les jours j’y viens
sans appréhension.
Car elle se fait belle
et, sans prétention,
elle m’ensorcelle,
cette reine, ovation !
John Donne Fall of a wall
Source: Donne, John. « Epigrams. » Poems of John Donne. Vol II.
E. K. Chambers, Editor. London: Lawrence & Bullen, 1896.
L’original est disponible à WikiSource.