Que j’aime, quand la nuit tombe,
regarder au dehors ;
le regard attiré
par les bouts de feuille d’or
collées sur le béton,
alignées en brigadesEt que j’aime ces ombres
qui se détachent, se meuvent,
dans ces fenêtres ;
ces tâches noires de deuil
qui donnent toute sa vie
à tout ce paysage.Celle-là travaillera
jusqu’au bout de la nuit
et ces deux qui se battent
seront réconciliés
dès le petit matin.
Et celle là qui passe,
« Celle-là », je te connais.Tous les jours, quand ils fuient,
dès que le noir est nuit,
je reste planté là
en ombre anonyme
à admirer tes pas
dans ta chambre, divine.Maintenant tu comprends
pourquoi je t’ai laissée,
si seule et si souvent,
pour de longues soirées :
c’était pour voir cette ombre
qui pouvait être toi.Je l’ai admirée vivre,
l’ai surprise à danser
seule sous le néon ;
l’ai vue dans la pénombre
s’habiller pour sortir
en tirant les rideaux… parfois.Et je connais tout d’elle,
je sais tout ce qu’elle a fait :
j’ai compté une à une
les ardeurs de son cœur…
Et je les connais tous,
mais je ne t’en veux pas…Et donc la prochaine fois
que nous nous reverrons,
que nous serons tous les deux,
ne baisse pas les yeux
pour demander pardon :
Jette-toi dans mes bras !!Et fais le comme avant,
comme quand je le savais
mais que tu l’ignorais.
Il n’y eu pas de reproches
et il n’y en aura pas ;
et nous serons si proches…Si proches…
sur tes jambes,
sur ton ventre,
et tes lèvres…
Sûrement, ce soir là,
nos ombres illumineront la nuit.
« Les Ombres Humaines » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA. En savoir plus sur les (nombreux) droits et les (quelques) devoirs.
1991 – Lille, France
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Les feuilles d’or… bleu:
« Invasion of private lives. » by Thomas Marthinsen via Flickr
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