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Khalil Gibran – Lorsque l’Amour vous fait signe… suivez-le

(Notes de Lecture)

[Par le hasard le plus fortuit, j’ai rédigé et posté cet article au moment où des fusillades ensanglantaient Paris.
Je ne veux rien changer de la rédaction, mais cela parle sans ambiguïté  de l’amour. Celui des humains : physique et sensuel.]

En cette période de confusion des valeurs,
revenons aux valeurs généreuses de la sagesse orientale.

Khalil Gibran, Lorsque l'amour vous fait signe... suivez-le On ne le voit pas venir, il vous prend et vous enserre, vous manipule comme son objet : vous n’êtes plus vous-même pendant un temps.
Victime.

Tant qu’à être victime, autant l’accepter ; se laisser mener pendant un moment, se laisser soumettre.

Ce bout de chemin est l’occasion de se découvrir, de se sentir belle-beau, de devenir humble et compréhensif-sive.

Ainsi commence le voyage de cet ouvrage magnifique en édition bilingue français/calligraphie :

Lorsque l’amour vous fait signe… suivez-le,

Bien que ses chemins soient abrupts
et escarpés,

Et quand ses ailes vous enveloppent,
livrez-vous à lui,

Malgré l’épée cachée dans son plumage
qui pourrait vous blesser.

Et s’il vous adresse la parole,
croyez en lui,

Même si sa voix fracasse vos rêves,
comme le vent du nord dévaste les jardins.

(…)

© Khalil Gibran

Ouvrage à commander:
  • Chez l’éditeur : Editions J. C. Lattes
  • en livraison depuis une librairie physique : decitre.fr

Les ombres humaines

Que j’aime, quand la nuit tombe,
regarder au dehors ;
le regard attiré
par les bouts de feuille d’or
collées sur le béton,
alignées en brigades

Et que j’aime ces ombres
qui se détachent, se meuvent,
dans ces fenêtres ;
ces tâches noires de deuil
qui donnent toute sa vie
à tout ce paysage.

Celle-là travaillera
jusqu’au bout de la nuit
et ces deux qui se battent
seront réconciliés
dès le petit matin.
Et celle là qui passe,
« Celle-là », je te connais.

Tous les jours, quand ils fuient,
dès que le noir est nuit,
je reste planté là
en ombre anonyme
à admirer tes pas
dans ta chambre, divine.

Maintenant tu comprends
pourquoi je t’ai laissée,
si seule et si souvent,
pour de longues soirées :
c’était pour voir cette ombre
qui pouvait être toi.

Je l’ai admirée vivre,
l’ai surprise à danser
seule sous le néon ;
l’ai vue dans la pénombre
s’habiller pour sortir
en tirant les rideaux… parfois.

Et je connais tout d’elle,
je sais tout ce qu’elle a fait :
j’ai compté une à une
les ardeurs de son cœur…
Et je les connais tous,
mais je ne t’en veux pas…

Et donc la prochaine fois
que nous nous reverrons,
que nous serons tous les deux,
ne baisse pas les yeux
pour demander pardon :
Jette-toi dans mes bras !!

Et fais le comme avant,
comme quand je le savais
mais que tu l’ignorais.
Il n’y eu pas de reproches
et il n’y en aura pas ;
et nous serons si proches…

Si proches…
sur tes jambes,
sur ton ventre,
et tes lèvres…
Sûrement, ce soir là,
nos ombres illumineront la nuit.

« Les Ombres Humaines » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA. En savoir plus sur les (nombreux) droits et les (quelques) devoirs.

1991 – Lille, France

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Les feuilles d’or… bleu:

Invasion of private lives by Thomas Marthinsen via Flickr CC-BY-NC-SA
CC-BY-NC-SA
« Invasion of private lives. » by Thomas Marthinsen via Flickr

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Louise de Vilmorin – L’alphabet des aveux

(Notes de lecture)

L'alphabet des aveux - Louise de VilmorinLouise de Vilmorin était une femme vive, une muse pour beaucoup, et une femme inspirée.
Elle fit de sa vie une vie passionnante.

Au delà de ses romans, elle a écrit une poésie protéiforme et Oulipienne.
Des olorimes, des calligrammes, des palindromes…

Par bonheur, la forme n’écrase pas le fond, qui reste léger, très tendre et d’une grande simplicité.

Francis Poulenc l’a mise en musique (un peu lyrique & précieux à mon goût).

Extrait:

Le garçon de Liège

Un garçon de conte de fée
M’a fait un grand salut bourgeois
En plein vent, au bord d’une allée,
Debout sous l’arbre de la Loi.

Les oiseaux d’arrière-saison
Faisaient des leurs malgré la pluie
Et prise par ma déraison
J’osai lui crier : « Je m’ennuie. »

Sans dire un doux mot de menteur
Le soir dans ma chambre à tristesse
Il vint consoler ma pâleur.
Son ombre me fit des promesses.

Mais c’était un garçon de Liège,
Léger, léger comme le vent
Qui ne se prend à aucun piège
Et court les plaines de beau temps.

Et dans ma chemise de nuit,
Depuis lors quand je voudrais rire
Ah ! beau jeune homme je m’ennuie,
Ah ! dans ma chemise à mourir.

1939
© Louise de VILMORIN
Recueil : « Fiançailles pour rire » ou « L’alphabet des aveux »

Ouvrage à commander:
  • Chez votre libraire,
  • en livraison dans votre librairie : lalibrairie.com
  • ou auprès de l’éditeur: Gallimard

Comme à la maison

Je n’avais pas un radis (Au logis)
et prenais le métro, (Au logis)
quand je t’ai vue, fillette, (Au logis)
tu allais au musée. (Au logis)

Je t’en ai détourné (Au logis)
par la promesse d’un thé (et) (Au logis)
des photos de mon Nikon, (Au logis)
je t’ai dit « viens on file ». (Au logis)

En fait, tu prends un kir ; (Au logis)
tu trouves les photos « top » (Au logis)
contrairement aux macaques (Au logis)
de mon petit microcosme. (Au logis)

Je ne sais quel phénomène – (Au logis)
le choix de la musique ? – (Au logis)
fait que l’amour agit (Au logis)
et que nos cœurs chavirent. (Au logis)

J’avais peur que tu freines (Au logis)
l’avancée de mes pattes (Au logis)
glissées sous tes habits, (Au logis)
sur ta peau douce et mate. (Au logis)

Tu me dis par litote (Au logis)
que t’apprécies la méthode : (Au logis)
tu me juges spécialiste (Au logis)
de ce genre de lexique. (Au logis)

Ton dos cambré, arqué, (Au logis)
et tes fesses aussi (Au logis)
me donnent d’autres idées : (Au logis)
t’adosser au lambris(Au logis)

« Comme à la maison » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA. En savoir plus sur les (nombreux) droits et les (quelques) devoirs.

1992-2008 – Lille-Courbevoie-Villeurbanne, France

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"Leadville, Colorado" by Larry Lamsa via Flickr CC-BY
CC-BY « Leadville, Colorado » by Larry Lamsa via Flickr

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Pierre Anselme – Carmina Tervinga

(Notes de Lecture)

Pierre Anselme - Carmina Tervinga

Des sonnets. Des sonnets. Rien que des sonnets…

C’est d’un ringard!

Et pourtant, une petite musique vient nous chatouiller les oreilles.
De l’ancien français, des loufoqueries, une introduction facétieuse:

Embarras

Vous voulez un sonnet ? Pourquoi vous l’écrirais-je ?
Il en est déjà tant de si bons, de si beaux !
Dois-je chanter pour vous la guerre et  ses héros,
rendre gloire à l’amour, en vibrants arpèges ?

Vais-je laisser grincer ma plume sacrilège,
en maudissant la mort et ses funestes maux ?
J’entends Ronsard gémir au fond de son tombeau !
Le Parnasse m’est clos, vainement je l’assiège.

Où sont ces mots si doux qui charment les oreilles,
et ces termes exquis, dont l’âme s’émerveille ?
Les muses n’ont pour moi que souverain mépris,

je subis, impuissant, leur cinglant anathème…
Au fait, n’ai-je point là composé mon poème ?
O ciel, loué sois-tu ! Apollon, sois béni !

© Pierre Anselme – Carmina Tervinga

Un niveau de langue élevé, mais une écriture fluide.
Un délice suranné pour le monde moderne.
Des clins d’œil complices qui retiennent l’attention.
<3 <3 <3, comme auraient mur-muré les muses sur Facebook…

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  • ou auprès de l’éditeur: ?

Adroite à gauche

J’aime ton côté gauche
indocile mais incidemment
son élégance fauche
comme les blés mûrs tes amants.

J’aime ton côté gauche
bien imparfait apparemment
qui provoque débauche
en corps au cœur de tes amants.

J’aime ton côté gauche
très défaillant mais palpitant
quand ton cœur y chevauche,
ardant, sur ceux de tes amants.

J’aime ton côté gauche
où malgré les romans et fables
doucement s’y ébauche
l’idée d’une liaison durable.

J’aime ton côté gauche
où joli cœur complaisamment
se résout à l’embauche
d’un père tout doux pour tes enfants.

Licence Creative Commons CC-BY-NC-SA
« Adroite à gauche » de Laurent QUIQUEREZ est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA. En savoir plus sur les droits et les devoirs.

2013 – Villeurbanne, France

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"Les amants" by xo-mox via Flickr CC-BY-NC-SA
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« Les amants » by xo-mox via Flickr

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